Bétharram est un montage réalisé à partir d’une édition de 10 petits tirages argentiques noir et blanc réalisées par un photographe paysagiste des années 20 des grottes de Bétharram.

J’ai scanné le matériel et composé numériquement un collage à partir d’extraits des photographies. Celui-ci est ensuite imprimé et collé pour recouvrir l’entièreté de la galerie. 

Au-delà du caractère esthétique de ces images d’époque et de la dimension mystique ou symbolique des grottes, c’est le document photographique qui, dans une ère dédiée au tout numérique, interpelle car il permet de réfléchir au médium photographique et à ce qu’il véhicule. 

Ces photographies, probablement destinées à rester dans le fond d’un tiroir comme la visite des grottes dans le fond de la mémoire, ont la capacité de réactiver le souvenir et l’expérience vécue dans les entrailles de la terre.
La photographie est dès lors une empreinte, la marque d’un lieu et d’un temps, d’une impression vécue par celui.celle qui, en sortant de la grotte, désire en garder une partie avec lui.

S’il s’agit d’espace et de temps dans la photographie, alors il s’opère dans cette installation un glissement, un déplacement de trois « espaces-temps ». Le temps et l’espace physique des grottes, celui de la photographie et celui de l’exposition.

Loin d’un processus d’imitation ou de transposition, c’est l’objectivité des images poussées dans leur retranchement qui est ici questionnée. 

Si, grâce à la véracité et à l’objectivité supposées de la photographie, ces images d’époque servent à réactiver une sensation, une impression qui surgit dans la mémoire comme un diable en boite, alors mon intervention serait de montrer l’intérieur de cette boite qui contient le diable à ressort. Transformer ces images en état de mémoire imparfaite, subjective et modifiée, c’est comme avoir accès métaphoriquement à la mémoire, aux souvenirs de quelqu’un qui aurait visité les grottes.