FR
Betharram est un collage réalisé à partir d’une édition de 10 tirages argentiques noir et blanc des grottes de Betharram en France. Les prises de vue sont réalisées par un photographe paysagiste des années 20 et les tirages, de petits formats, sont rassemblés dans une enveloppe éditée et vendue comme un objet souvenir à la sortie de visite des grottes. J'en ai trouvé un exemplaire sur une brocante à Nantes.
L'objet premier scanné, un collage numérique de grand format a pris forme à partir de fragments sélectionnés dans les images. Le fichier créé aux dimensions exactes de la galerie a ensuite été imprimé pour recouvrir l’entièreté de l'espace.

Au-delà du caractère esthétique de ces images d’époque et de la dimension mystique ou symbolique des grottes, c’est le document photographique qui, dans une ère dédiée au tout numérique, m'interpelle car il permet de réfléchir à ce que véhicule le médium photographique.

Ces images, probablement destinées à rester dans le fond d’un tiroir comme la visite des grottes dans le fond de la mémoire, ont la capacité de réactiver le souvenir et l’expérience vécue dans les entrailles de la terre. La photographie est dès lors une empreinte, la marque d’un lieu et d’un temps, d’une impression vécue par celleux qui, en sortant de la grotte, désire en garder une partie avec elleux.

Comme il s’agit d’espace et de temps dans la photographie, alors il s’opère dans cette installation un glissement, un déplacement de trois « espaces-temps ». Celui, lent et archaïque, de la formation des grottes, l'instant de la photographie contenu sur une petite surface (le négatif) et celui qui se réinvente et se déploie dans l’exposition. 

Loin d’un processus d’imitation ou de transposition, c’est l’objectivité des images poussées dans leur retranchement qui est ici questionnée. Si, grâce à la véracité et à l’objectivité supposées de la photographie, ces images d’époque servent à réactiver une sensation, une impression qui surgit dans la mémoire comme un diable en boite, alors mon intervention parait montrer l’intérieur de cette boite qui contient le diable à ressort. Transformer ces images en état de mémoire imparfaite, subjective et modifiée, c’est comme avoir accès métaphoriquement à la mémoire, aux souvenirs de quelqu’un qui aurait visité les grottes.
EN 
Betharram is a collage created from a set of 10 black and white silver prints of the Betharram caves in France. The photographs were taken by a landscape photographer in the 1920s, and the small-format prints were collected in an envelope published and sold as a souvenir at the exit of the caves. I found a copy at a flea market in Nantes.
Once the original object was scanned, a large-format digital collage took shape from selected fragments of the images. The file, created to the exact dimensions of the gallery, was then printed to cover the entire space.

Beyond the aesthetic nature of these vintage images and the mystical or symbolic dimension of the caves, it is the photographic document that, in an era dedicated to all things digital, appeals to me because it allows us to reflect on what the photographic medium conveys.

These images, probably meant to remain at the back of a drawer like the visit to the caves at the back of one's memory, have the ability to reactivate the memory and experience of being in the bowels of the earth. Photography is therefore an imprint, the mark of a place and a time, an impression experienced by someone who, upon leaving the cave, wishes to keep a part of it with them.

Since photography deals with space and time, this installation involves a shift, a displacement of three ‘space-times’. The slow and archaic one of the formation of caves, the instant of photography contained on a small surface (the negative) and the one that reinvents itself and unfolds in the exhibition. 

Far from being a process of imitation or transposition, it is the objectivity of images pushed to their limits that is questioned here. If, thanks to the supposed veracity and objectivity of photography, these vintage images serve to reactivate a sensation, an impression that springs to mind like a jack-in-the-box, then my intervention seems to show the inside of the box that contains the spring devil. Transforming these images into a state of imperfect, subjective and modified memory is like metaphorically accessing the memory, the memories of someone who has visited the caves.